Née en 1977. Vit et travaille à Paris.
Fanny Stauff explore les rapports de l’homme au vivant par une peinture figurative et expressionniste. Chez elle, rien n’a jamais semblé aller de soi. La forme des corps humains, des animaux, le bitume sur la surface de la terre, les pièces des maisons comme autant de cubes-boîtes… Elle s’est toujours plu à imaginer comment des êtres venant d’une autre planète percevraient toutes ces formes et leurs manières de vivre et d’interagir. Aussi, enfant, la découverte de la littérature a-t-elle trouvé un écho fantastique dans son imaginaire. Quand, à 13 ans, on lui offre des tubes de peinture à l’huile, cela constitue un second choc, un vertige des possibles: celui de l’expression de ses observations des mondes visibles et invisibles.
Diplômée en scénographie de l’Ecole Nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2001, Fanny Stauff développe un art où l’espace et la littérature s’imbriquent dans une peinture-récit qui interroge la place de l’homme dans l’univers. Jeune diplômée, elle expose aux Frigos en artiste invitée par le Prix de Rome Jean-Paul Riéti et à la galerie An. Girard à Paris
Démarche artistique
Observatrice du choc des temporalités, Fanny Stauff représente les fracas et les beautés du monde en articulant un rapport dialectique entre nature et civilisation.
Influencée autant par la force des images de Roland Topor que par la profondeur onirique des oeuvres d’Alfred Kubin et d’Odilon Redon, chacune de ses images est une plongée dans un monde étrange, tendre ou révolté. Et des retables du moyen-âge, de la divine comédie de Dante ou des personnages des tableaux de Jérôme Bosch elle retient la coexistence de réalités parallèles, qui intéragissent les unes avec les autres.
Fanny Stauff traduit en peinture, dans des mises en scène symboliques, les rencontres des temps adverses. Celui du cosmos, de la nature et celui de l’humain. Les figures représentées résistent à l’objectivation, clament haut la vie, l’injustice, la colère ou l’amour, le temps éternel ou l’immédiateté. Les rouges volcaniques, couleur de la matrice et les bleus de l’éther évoquent les puissances telluriques et la clarté de la transcendance. Appliqué au couteau et à la brosse vive, les noirs constituent les fonds mystérieux des toiles. Il forment des espaces temps d’où surgissent des créatures du fond des âges.
Ces oeuvres sont une caisse de résonance qui amènent le visiteur a une conscientisation de son rapport au monde sensible.
Texte de Delphine Durand, historienne de l'Art et des religions, poétesse et écrivaine
L’appel perdu du fracas de l’absolu.
L’enfer obstiné organise la faim de la raison.
J’étreins la délinquance la plus décharnée qui brûle dans les cancers hérités de Kafka. Les crânes châtiés des faussaires de la poésie tomberont sous la dent de la louve attachée au piquet de chaque mort.
Tout présage est suivi d’un fléau qui se flatte d’être celui qui lèche le mieux les intestins de César.
Les châteaux de sang que nous bâtissons ne nous survivent jamais.
Je suis celle qui n’a plus peur du troupeau, mes semelles lisses et vives ne cèdent qu’à la lumière pour l’impuissance. Je danse sur les limites du miracle, je te porte comme une amulette dans mes larmes refoulées. Je ne suis rien sinon le rameau fou où se rejoignent les océans, le sextant du naufrage prenant pied dans l’humus des songes tandis que l’épée de feu usurpée à l’ange comble les lunes du désastre. Le tremblement de mes jambes regarde venir l’automne dans la vengeance de joies démentes. Je ne suis rien que la cendre d’un feu intérieur de la conscience. Seul le fracas du désir absolu fait vibrer l’être silencieux et rayonnant qui s’écoule grain à grain dans la tendresse terrestre, la chaleur secrète qui irradie à travers ce déluge de pluies obstinées.
Rien ne vaut l’éclair paralysant d’une claire nuit de lune lorsque l’on court nu sur des câbles à haute tension. Il en irait tout autrement dans la joute des décompositions florales. Nous pouvons deviner le temps de nos apparitions mais j’ignore comment respire la mer